Mes maquettes de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, dite du Vœu national, située au sommet de la butte Montmartre, dans le quartier de Clignancourt du 18e arrondissement de Paris, est un édifice religieux parisien majeur, « sanctuaire de l'adoration eucharistique et de la miséricorde divine » et propriété de l'archidiocèse de Paris (1).

La construction de cette église, monument à la fois politique et culturel, suit l'après-guerre de 1870. Elle est déclarée d'utilité publique par une loi votée le 24 juillet 1873 par l'Assemblée de 1871 ; sa construction est achevée en 1914.

02
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Sa situation à 130  d'altitude près de l'un des points culminants de Paris, et son dôme qui s'élève à 83 mètres, la rendent visible de très loin. Avec près de onze millions de pèlerins et visiteurs par an, c'est le deuxième monument religieux parisien le plus visité après la cathédrale Notre-Dame de Paris (3).

03
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Le nom de la colline de Montmartre vient selon les uns du nom du lieu, Mons Martis (mont de Mars) ou selon les autres de Mons Martyrum (mont des Martyrs). L'église de Montmartre qui s'est substituée aux temples romains a été élevée en l'honneur des saints martyrs saint Denis, Rustique et Eleuthère  décapités selon la légende (4) sur la colline et dont une chapelle, située sur le flanc sud de la butte, devait commémorer le lieu traditionnel du supplice, en prenant le nom de Saint-Martyre.

Le mont de Mars a donc pu être réinterprété vers le IXe siècle en Mont des Martyrs (Mons Martyrum), puis par dérivation populaire en « mont de martre », martre signifiant « martyr » en ancien français (5).

La substitution toponymique du mont païen par le mont chrétien reste cependant hypothétique et la double étymologie (mont de Mars et mont des Martyrs) est encore actuellement traditionnellement proposée. Il faudrait, « pour pouvoir trancher la question, savoir comment le peuple, dans son langage parlé, appelait cette colline avant le IXe siècle, puisque c'est à cette époque que les documents écrits enregistrèrent le changement de nom » (6).

04
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Les promoteurs de la construction du Sacré-Coeur font appel fin 1872 à l'Assemblée Nationale afin que l'église soit reconnue comme étant d'utilité publique. C'est en effet le seul moyen semblant possible pour acquérir les terrains nécessaires, propriétés de la ville et de nombreux particuliers.

Après des débats houleux, la loi d'utilité publique est votée le 24 juillet 1873 par 382 voix contre 138, tandis que 160 députés se sont abstenus (17).

Elle offre à l'archevêque de Paris (Mgr Guilbert) la possibilité de se porter acquéreur des terrains sur la colline de Montmartre par voie d' si nécessaire : les terrains visés derrière l'église de Saint-Pierre, sont occupés par des guinguettes, un champ de foire et des jardinets.

05
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Le choix de ce site fait du futur Sacré-Cœur le bâtiment le plus haut et le plus visible de la capitale, manifestant la vocation ostentatoire du projet. Il est aussi prévu que l'église « sera construite exclusivement avec des fonds provenant de souscriptions » et « sera à perpétuité affectée à l'exercice public du culte catholique (18) ».

 

La construction de la basilique du Sacré-Cœur est fréquemment associée aux événements de la Commune de Paris, et on trouve dans des documents officiels (20) et des ouvrages d'universitaires (21,22), la thèse selon laquelle elle aurait été construite pour « expier les crimes des communards ».

06
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

En 1873, le comité de l'Œuvre du Vœu National et le cardinal de Paris décident que le choix de l'architecte se fera par concours. À cet effet, un programme est rédigé à l'intention des candidats. Certains éléments sont imposés : le site, un budget limité à sept millions de francs, une crypte, une statue monumentale du Sacré-Cœur très visible et placée à l'extérieur.

Soixante-dix-huit projets sont rendus par quatre-vingt-sept concurrents regroupés en soixante-seize équipes. Charles Garnier et six Grands prix de Rome figurent notamment parmi les candidats. Leurs maquettes sont exposées sur les Champs-Élysées (24).

07
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

L'architecte Paul Abadie gagne le concours de la construction du Sacré-Coeur. Abadie conçoit une basilique romano-byzantine (avec dôme, clochetons et campanile) en réaction au style néo-baroque (25). À sa mort en 1884, il est remplacé par Honoré Daumet (1884-1886) lui-même remplacé par Charles Laisné (1886-1891) qui fait intervenir dans la réalisation de vitraux le peintre-verrier Emile Hirsch. Puis se succèdent Henri-Pierre Rauline (1891-1904) qui dirige les travaux et Charles Garnier comme architecte conseil, Lucien Magne (1904-1916) et Jean-Louis Hulot (1916-1924) (26).

08
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

La basilique est majoritairement financée par de très nombreux Français dans le cadre d'une souscription nationale où il n'est pas demandé au fidèle de verser une somme importante mais ce qui lui est possible. Hubert Rohault de Fleury imagine notamment « la Souscription des Pierres » qui incite les familles, les groupes et les œuvres à fournir la somme nécessaire pour l'achat d'une pierre (Note 1), d'une colonne ou d'une chapelle, sur lesquels le nom complet, les initiales ou les armoiries des donateurs sont gravées (27).

Au total, près de quarante-six millions de francs sont récoltés en un demi-siècle par les dons de près de dix millions de fidèles (28).

Le 16 juin 1875, l'archevêque de Paris, le cardinal Guibert pose la première pierre de la basilique (un marbre rose de Bouère), non loin de l'ancien moulin de la galette, d'où le surnom donné à la basilique par le peuple de Montmartre, « Notre Dame de la Galette » (29). L'œuvre est confiée à la congrégation des oblats de Marie-Immaculée (30).

Des mois sont nécessaires afin de consolider les fondations : les galeries souterraines et les effondrements de terrain imposent la construction de 83 puits d'une profondeur de trente-trois mètres. Remplis de béton et reliés par des arcs, ils font office de piliers qui vont chercher la couche solide sous la glaise (31).

Dès le 3 mars 1876, l'archevêque de Paris inaugure à côté des travaux une chapelle provisoire. En 1878 débute l'édification de la crypte et en 1881 celle de la basilique. L'intérieur de la nef est inauguré le 5 juin 1891 (32).

09
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

La Troisième République fondamentalement anticléricale veut retirer à l'Église la jouissance de la basilique et la transformer en Maison du peuple ou en théâtre. Dans un souci d'apaisement, le gouvernement Clemenceau fait voter la loi du 13 avril 1908  mettant fin au séquestre du Sacré-Cœur qui « devient propriété de la ville de Paris et ne saurait être désaffecté, sauf nouvelle loi (33) ».

Rauline et Magne conservent le plan original d'Abadie mais ajoutent des éléments néo-Renaissance (formes des fenestrages en plein cintre, dômes élancés) (34). Alors qu'Abadie a prévu des dômes hémisphériques romano-byzantins, Magne les remplace par des coupoles allongées au style néo-Renaissance, ce qui leur donne une forme ovale. Ce changement du message architectural d'origine vise à corriger la déformation optique que ressentent les pèlerins sur la parvis de l'église : les coupoles manquent de hauteur, si bien que l'élan vers le ciel disparaît, caché par les soubassements du sanctuaire (35).

01
Maquette de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Les vitraux posés entre 1903 et 1920, sont détruits pendant la Seconde Guerre Mondiale et remplacés par des vitraux contemporains. Le Campanile (tour-lanterne qui, avec la croix qui le domine, se dresse à 91 de hauteur (36) est terminé en 1912, mais il faut attendre 1914 pour que l'ensemble de la façade soit achevé.

La consécration de l'église et son élévation à la dignité de basilique mineure, initialement prévue le 17 octobre 1914, est reportée à cause de l'entrée en guerre. Elle a lieu le 16 octobre 1919, célébrée par le cardinal Vico , en présence du cardinal Amette, archevêque de Paris, et de nombreux évêques, dignitaires ecclésiastiques, membres du clergé, personnalités civiles et simples fidèles (37).

Le bâtiment est officiellement achevé en 1923 (38) avec la finition de la décoration intérieure, notamment les mosaïques de l'abside (39). Les années trente voient le début de la construction des annexes, sacristie, bureaux et dortoir pour accueillir les pèlerins.

L'édifice n'est définitivement achevé qu'après la Seconde guerre mondiale  dont les bombardements ont détruit les vitraux. « Au total, le programme a coûté six fois plus cher que prévu et a duré plus d'un demi-siècle (35) ».

*Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre de Wikipédia en français (auteurs)

back